Arménie-Azerbaïdjan: La politique étrangère suisse est interpellée !

 

Arménie

L’Arménie, la plus petite république du Caucase du Sud, est confrontée à de nouvelles menaces après l’expulsion par l’Azerbaïdjan de près de 150 000 Arméniens du Haut-Karabakh : l’Azerbaïdjan revendication fermement un corridor au sud de l’Arménie afin d’obtenir un accès direct à son enclave du Nakhitchevan. Si l’on ne veut pas que la situation débouche sur un nouveau conflit militaire, la politique étrangère suisse est appelée à s’engager plus résolument en faveur d’une résolution pacifique du conflit.

La Commission nationale suisse Justice et Paix et le réseau des Commissions européennes Justice et Paix observent avec inquiétude les tensions actuelles dans le Caucase du Sud. En tant que membre du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, la Suisse doit s’engager de manière forte en faveur des droits de l’Homme et du respect du droit international. Cette adhésion implique également une responsabilité politique. Si la Suisse veut être à la hauteur de ses propres exigences, de ses propres intérêts et de ses liens, plus que centenaires, avec la population arménienne, elle doit jouer un rôle plus engagé en politique étrangère.

Lors d’entretiens et d’échanges avec des ONG, des œuvres d’entraide et des experts politiques sur place, Justice et Paix constate que, malgré les concessions substantielles faites par l’Arménie dans le cadre des négociations de paix en cours, les positions de l’Azerbaïdjan restent dures et continuent à se durcir. La menace de nouvelles violences militaires plane. L’Azerbaïdjan est soutenu par la Turquie, tandis que la Russie n’assume plus ses obligations d’alliance envers l’Arménie depuis 2020. Cela fait de la situation sur place une poudrière.

La réponse de l’Arménie à la situation précaire qu’elle connaît depuis des années est de se tourner de plus en plus vers l’Europe, et notamment vers l’UE, depuis 2020. La Suisse se déclare également prête à aborder l’Arménie dans une perspective de politique européenne. 

Pour Justice et Paix, du point de vue de l’éthique de la paix, les aspects suivants sont prioritaires pour la politique étrangère suisse :

Le Conseil fédéral et – là où il est compétent – le Parlement doivent

  • insister sur la mise en œuvre de toutes les décisions et recommandations pertinentes de la Cour internationale de justice et de la Cour européenne des droits de l’Homme concernant le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ;
  • œuvrer à la libération de tous les prisonniers de guerre et otages détenus arbitrairement et illégalement par les autorités azerbaïdjanaises, conformément au droit international ;
  • faire pression sur les deux parties, en particulier sur l’Azerbaïdjan, pour que toutes les questions en suspens soient résolues exclusivement par la négociation et par des moyens pacifiques, dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque pays et du droit international. Il convient de s’abstenir de tout recours à la force ou à la menace de la force ;
  • s’efforcer de faire en sorte que l’Azerbaïdjan s’abstienne de tout discours de haine discriminatoire et de toute déclaration incendiaire continue visant à rabaisser la communauté ethnique arménienne ;
  • fournir aux quelque 150 000 réfugiés et personnes déplacées en Arménie une aide initiale à l’intégration et à l’économie adaptée à la tradition humanitaire et aux possibilités financières de la Suisse£ ;
  • poursuivre l’objectif d’un retour sûr, volontaire et durable de tous les Arméniens déplacés de leur Haut-Karabagh natal et contribuer à ce qu’ils puissent mener une vie exempte de peur, d’intimidation et de discrimination dans leur pays d’origine ;
  • contribuer activement à ce qu’une mission d’experts internationaux et locaux indépendants, dirigée par l’UNESCO, ait accès au Haut-Karabagh afin de documenter l’état des anciens sites de la foi chrétienne et d’en assurer la conservation ;
  • faire face, par les moyens juridiques, économiques et politiques les plus stricts possibles, y compris par des sanctions ciblées contre les personnes responsables, à d’éventuelles autres violations de la part de l’Azerbaïdjan, qui ne respectent pas les exigences de l’Arménie en matière d’intégrité territoriale, de renonciation à la violence armée comme l’exige le droit international, ainsi que de protection des minorités.

En adoptant une telle attitude, la politique étrangère suisse peut apporter, de manière crédible et préventive, une contribution substantielle, dans son propre intérêt, à une évolution plus stable et plus pacifique dans le Caucase du Sud.

 

 

Fribourg, le 8.05.2024

Wolfgang Bürgstein
Secrétaire général J+P
+41 78 824 44 18

 

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